Du marché du Cap-Ferret aux étoiles d'Hollywood, Popie's s'est fait un nom avec ses vêtements

Nicolas Gosselin - 11 juin 2023

Née dans l'anonymat à Bordeaux, la marque Popie's est une véritable success-story. Partie de rien, sa fondatrice Bérangère Windels est devenue une créatrice prisée des stars.

Bérangère Windels, alias Popie, tient une boutique près de la plage de l'Horizon au Cap-Ferret.

Hormis son entourage, peu de gens croyaient en son projet quand Bérangère Windels a créé dans les années 90 sa marque de vêtements Popie’s. « Je ne plaisais à aucun banquier, il a fallu m’auto-financer », raconte-t-elle. Trois décennies plus tard, elle vend pourtant ses créations à des stars comme Uma Thurman, Kate Moss ou Marion Cotillard.

Le parcours de Popie – son surnom depuis qu’elle est née – est une véritable success-story. Férue de couture depuis son enfance, cette fille d’une fratrie de huit enfants doit sa passion à sa mère : « Elle nous a toujours habillés. »

Devenue maman à son tour, Bérangère Windels a fait pareil avec ses quatre progénitures en leur cousant leurs vêtements : « Ça correspond à ma philosophie, j’aime être autonome. Pareil pour la cuisine (conserves, pain, yahourts…) ou d’autres choses. Je faisais tout moi-même pour offrir de la qualité à mes enfants et ne pas tomber dans la société de consommation. Avec rien, on peut faire de grandes choses. »

Un atelier de couture dans le salon du domicile bordelais

« Ce n’est pas une question d’économie mais une question d’organisation », assure la cheffe d’entreprise de 50 ans. Certes, mais lorsque le couple Windels est venu s’installer en 1996 à Bordeaux après avoir passé deux ans à Bruxelles où elle a lâché son poste de professeure de français et de latin, la jeune mère de famille ne roulait pas sur l’or et elle devait composer avec des finances (très) limitées pour vivre de la couture.

« Je dépensais l'équivalant de 10 000 francs en matière première et dès que j'avais tout utilisé, je remettais l'argent de mes ventes sur la table pour racheter du tissu afin de recommencer une nouvelle collection. »

Son salon faisait office d’atelier de couture. Le doigt sur la machine à coudre, le regard sur les marmots. « Un peu plus grands, ils venaient me donner un coup de main ou ils m’accompagnaient sur le marché », se rappelle-t-elle.

« Je travaillais jusqu’à 18 heures par jour. Quand les enfants étaient couchés, j’en profitais pour bien avancer. Parfois jusqu’à 2 heures du matin. Et les jours de marché, je devais me lever à 4 ou 5 heures pour finir de tout préparer et faire la route », se souvient la fondatrice de Popie’s.

« Les premiers temps, c’était très dur. » Elle organisait notamment des ventes privées à son domicile tous les deux mois et parfois ailleurs, notamment dans une boutique du Marais à Paris, après avoir envoyé des centaines de cartons d’invitation. Une fois, elle devait faire une vente chez une connaissance bordelaise, qui avait été annulée au dernier moment. Cette dernière s’était rétractée : « C’est ringard comme vêtements, ça ne marchera pas. »

« Le coton le plus cher du monde »

On peut dire qu’elle a eu du flair. Quelques années plus tard, Bérangère Windels crevait l’écran sur le marché du Cap-Ferret. Outre certaines clientes habituées qui n’hésitaient pas à lui acheter une nouvelle pièce chaque semaine, la couturière a commencé à taper dans l’œil de certaines stars en villégiature avec ses créations en Liberty®, ce tissu aux motifs imprimés et d’une qualité incomparable.

« C’est le coton le plus cher au monde mais il est exceptionnel. On n’a pas besoin de le repasser. C’est facile à laver et ça ne rétrécit pas au lavage. C’est un tissu extrêmement souple et léger, on ne peut pas transpirer dans du Liberty® », s’improvise-t-elle en VRP de la marque, qui est aussi un brevet déposé au 19e siècle en Angleterre.

Aussi, Popie a pu ouvrir plusieurs boutiques. Elle a commencé en 2008 par un magasin au Cap-Ferret, en face de la plage de l’Horizon. Puis, elle a passé la seconde en 2012 en ouvrant trois nouvelles boutiques : dans le centre de Bordeaux, à la plage du Moulleau à Arcachon, et sur l’île paradisiaque de Saint-Barthélemy, dans les Antilles françaises.

Popie’s ne propose que des collections d’été

« À l’époque, j’avais des collections d’hiver. On était ouvert toute l’année sur la presqu’île mais on était en première-ligne de rien puisqu’il n’y avait personne. C’était le désert de Gobi. Donc j’ai ouvert une boutique à Bordeaux en 2012 mais au final, ça ne me convenait pas cette vie urbaine. Je l’ai fermée et j’ai décidé de me concentrer sur collections d’été et sur les lieux saisonniers », explique la cheffe d’entreprise.

Cette même année, elle a surtout eu un coup de cœur pour l’île de Saint-Barth où est enterré Johnny Hallyday. Son fils, qui s’est retrouvé à vendre une chemise à Matthieu Chedid sur le marché quand il était encore haut comme trois pommes, raconte cette anecdote : « Pour l’anniversaire de mariage de mes parents, on leur a offert un séjour là-bas. Ils n’avaient jamais pris l’avion, ils n’avaient jamais fait de voyage. Au final, en revenant en métropole, ils nous ont annoncé qu’ils avaient acheté une boutique à Saint-Barth. »

Depuis l’ouverture de ce magasin, où le couple Windels est tout l’hiver avant de revenir à la boutique du Cap-Ferret pour la saison d’été, Popie’s est passée dans une nouvelle dimension. Là-bas, la marque touche une clientèle exclusivement américaine ou russe. Une clientèle particulièrement aisée, habituée à s’habiller chez Hermès ou Vuitton.

Chez moi, mes clientes recherchent le côté unique. Mes vêtements sortent des standards, elles sont amusées. Elles viennent pour le coup de cœur ! Je ne vends pas de basiques, je vends un concept, un art de vivre.

Pour prouver cette réussite folle, le mari de Bérangère – qu’elle surnomme « l’homme de l’ombre » – épluche un magazine people sur le comptoir de la boutique et tombe sur une photo de paparazzi où on voit Kate Moss, le mannequin star, avec un sac Popie’s à la main.

Un maillot de bain Popie’s à la une de Voici

Puis, il tombe sur un vieil exemplaire de Voici qu’il avait précieusement conservé où on aperçoit à la Une Guillaume Canet et Marion Cotillard, en maillot de bain Popie’s, en train de se baigner certainement dans le bassin d’Arcachon où le couple a ses habitudes.

D’ailleurs, l’actrice vedette passe encore, de temps à autre, à la boutique du Cap-Ferret pour compléter sa garde-robe ou celle de ses enfants.

Ce succès incroyable, Bérangère Windels le doit à son travail acharné, au soutien inconditionnel de sa famille mais aussi au Liberty®, qui est devenu sa marque de fabrique tant il permet de créer des pièces au style unique, original, artistique.

« Je trouve mon bonheur dans les imprimés. Il y a toute une mythologie », pointe l’ancienne latiniste, qui rappelle que Liberty® travaille souvent avec des artistes pour des collaborations éphémères.

Elle ne fait jamais de soldes

Comme elle le faisait pas nécessité à ses débuts, Popie conçoit toujours des collections avec un nombre de pièces très limitées. Résultat, ses vêtements ont un côté un peu exceptionnel qui séduit. Elle ne suit pas la tendance, elle ne fait jamais de soldes.

« Si une pièce ne marche pas, je la reprends et je la transforme pour qu'elle plaise. Mais je retombe toujours sur mes pieds. Il y a une dizaine d'années, par exemple, j'avais fait une combinaison qui ne se vendait pas. J'en ai fait un haut et un bas, et ça a marché ! »

Depuis plusieurs paires d’années, la fondatrice de Popie’s sous-traite la fabrication dans un atelier qu’elle a monté au Portugal car elle ne peut plus assumer seule le carnet de commandes, tant il s’est épaissi au fil du temps. En revanche, elle continue de se rendre à Londres pour choisir ses tissus, de créer ses patrons et se rend régulièrement dans la péninsule ibérique pour suivre de près la production.

« Je ne suis pas une commerciale »

Des professionnels l’ont contactée pour ouvrir des magasins franchisés, à l’île de Ré ou à Biarritz par exemple, mais Bérangère Windels a refusé. Elle veut garder son ADN, celui qui a fait son succès : la proximité avec sa clientèle, l’exclusivité de ses collections, la qualité de ses vêtements.

« Je ne suis pas une commerciale ou une vendeuse, je suis une couturière. Bien sûr, j’aurais pu gagner une fortune mais ça ne m’intéresse pas de rentrer dans des grilles, de devenir une businesswoman. »